Quand le numérique fait face à la crise sanitaire

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les services numériques apportent des solutions pour éviter la rupture des liens personnels, économiques et sociaux. Conscients de l’importance des technologies numériques dans la lutte contre les crises, l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) et l’Union européenne (UE) ont développé le programme Digital Response Connecting Citizens (DIRECCT).

Lancé dans la capitale sénégalaise le 16 novembre, il concerne plus de 55 pays de la zone ACP. « Dans la majorité des États de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, l’accès aux réseaux et aux outils numériques a très fortement progressé ces dernières années. Toutefois, il reste de nombreux efforts à faire pour que les outils numériques soient à la portée de tous et aident les populations à faire face aux crises », souligne Gwenael Prié, en charge du programme pour l’Agence française de développement (AFD) qui, avec l’Agence belge de développement (ENABEL), met en œuvre ce programme.

DIRECCT contribue à mettre le numérique à la portée de tous en développant une dizaine de projets dans des domaines fragilisés, plus spécifiquement la santé, l’éducation et l’économie. Piliers du développement et du bien-être pour les populations de chacun des pays concernés, ces trois secteurs ont été durablement touchés par la crise.

Le numérique pour soutenir la santé

Dans le secteur de la santé, DIRECCT soutient par exemple les institutions épidémiologiques régionales de la communauté des Caraïbes (CARPHA) et de celle du Pacifique (ROSSP). Pour ces deux organisations, chacune active dans plus de 20 pays parfois très éloignés, DIRECCT contribue à la mise en place des systèmes de collecte de données numériques sanitaires. Centraliser et analyser rapidement les datas fournies par les membres de ce collectif est en effet essentiel pour prendre les meilleures décisions.

Lire aussi : notre rubrique Innovation partagée

Au Sénégal, ENABEL et l’ONG Oxfam travaillent à la numérisation des centres de santé. Parmi les chantiers identifiés, il s’agit notamment de renforcer l’accès aux réseaux, de former le personnel ou encore de déployer des solutions numériques comme le dossier patient.

Le programme soutient également les FabLabs ouest-africains. Dans ces ateliers de fabrication numériques, des jeunes Africains se sont mobilisés pendant la crise pour produire des visières ou des lave-mains. Avec DIRECCT, ils continueront à mettre leurs innovations au service des acteurs de la santé de leurs pays.

Développer l’enseignement supérieur à distance

Dans le secteur de l’éducation, DIRECCT travaille à la numérisation de l’enseignement supérieur. Avec la crise du Covid-19 et la fermeture des établissements, les étudiants ont parfois perdu plusieurs mois de cours. Cette interruption peut avoir des conséquences sur le développement du capital humain et, à plus long terme, des implications économiques et sociales importantes.

Pour les universités, utiliser le numérique pour garder le lien avec leurs étudiants et les autres centres universitaires est donc essentiel. En Afrique de l’Ouest, les efforts sont portés par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le réseau WACREN. Deux universités, au Bénin et au Burkina Faso, seront accompagnées pour mieux connecter leurs campus à Internet et développer leur offre pédagogique en ligne.

Lire aussi : Éducation et formation, notre action

L’objectif est ensuite de partager les enseignements de ces projets pilotes avec le milieu universitaire et les autorités ouest-africaines. En parallèle, ENABEL mobilise son programme Wehubit dédié à l’innovation pour soutenir des solutions dans le domaine de la EdTech : rendez-vous dans quelques semaines pour l’annonce des vainqueurs de cet appel à projets.

Permettre aux petites entreprises de travailler en ligne

La crise sanitaire engendre également une crise économique. Dans ce secteur, DIRECCT s’intéresse surtout aux micro, moyennes et petites entreprises (MMPE). Moteur essentiel de l’économie de nombreux pays de la zone ACP, elles ont été affaiblies par la restriction de circulation des biens et des marchandises.

Pour Séliatou Kayodé-Anglade, chef de projet chez Expertise France, c'est « en collaboration avec les chambres de commerce d’Afrique de l’Ouest et l’agence Carib Export que nous aidons les dirigeants des MMPE à se former et à intégrer des outils numériques qui leur permettront de mieux travailler et commercer en ligne. Les entreprises hors ligne et le secteur informel sont les plus touchés par les difficultés découlant de la pandémie : elles seront nos cibles prioritaires. »

Lire aussi : Proparco, notre filiale dédiée au secteur privé

Au Sénégal, ENABEL se concentre sur la transition numérique de centaines de PME du secteur de l’agriculture et plus généralement de l’économie verte. Autre initiative, l’ONG Oxfam aide les femmes entrepreneuses des régions rurales les plus isolées à utiliser leur téléphone pour épargner et continuer leur activité.

Une ambition européenne pour le numérique

Doté d’un montant de 15,4 millions d’euros sur financement UE, le programme DIRECCT s’inscrit pleinement dans l’ambition de coopération de l’Union européenne : « Il a pour objectif d’accélérer le développement du numérique pour une croissance inclusive, pour la création d’emplois et pour la lutte contre les inégalités », rappelle ainsi Dorota Panczyk, représentante d’ENABEL au Sénégal.

Le programme DIRECCT inscrit son action dans les valeurs européennes d’un développement numérique inclusif. Pour chaque projet, il se donne deux objectifs supplémentaires : d’une part, mettre l’usager et non la technologie au cœur de la démarche pour s’assurer de la pertinence et de l’appropriation des solutions déployées. D’autre part, s’attaquer aux inégalités femme-homme d’accès aux opportunités numériques, constatées aujourd’hui dans tous les pays du monde. Deux ambitions en corrélation avec celles d’ENABEL et de l’AFD qui se veulent promoteurs d’un numérique mis au service du développement durable et respectueux des individus.

Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.