Au Kosovo, le sport au service de la réconciliation du pays

Après l’indépendance vient le temps de la réconciliation. Dans ce jeune pays qu’est le Kosovo, les clivages ethniques n’ont pas dit leur dernier mot. Au sein du milieu éducatif, les discriminations reposant sur le genre ou sur la communauté d’origine se révèlent fréquentes. Et la violence est à l’origine d’un fort taux de décrochage scolaire lors du passage du primaire au collège. L’environnement social des jeunes Kosovars apparaît clivant, il existe peu d’opportunités de contacts et d’échanges entre les communautés. À cela s’ajoute un manque d’investissement dont pâtit le milieu de l’enseignement.

Pérenniser le changement social

Pour répondre à ces constats, l’Agence française de développement (AFD) soutient le projet multipays Ejo à hauteur de 2 millions d’euros. Depuis 2019 et jusqu'en 2023, l'ONG PLAY International appuie la mise en place d’une éducation de qualité intégrant les élèves quels que soient leur origine ethnique ou leur genre.

Au Kosovo, 29 000 enfants, dont 40 % de filles, sont concernés par ce projet. Le financement de l’AFD permet à PLAY de co-créer des contenus pédagogiques adaptés aux contextes locaux et de déployer des activités sportives. Et pour pérenniser le programme, l’ONG institutionnalise les formations pour les enseignants à travers la reconnaissance officielle du ministère de l’Éducation kosovar.

À ce jour, deux contenus pédagogiques ont été reconnus et peuvent être utilisés quotidiennement dans les classes par les enseignants formés. La méthode Playdagogie utilise le jeu avec les enfants, encadrés par des enseignants, afin de soulever des enjeux sociaux et sanitaires de façon ludique et positive. 

Pour s’inscrire dans la durée, ce projet vise la formation de professionnels des secteurs scolaire et extrascolaire. La formation se concentre sur l’acquisition de compétences en matière de gestion de débat ainsi que sur la communication interculturelle. Aujourd'hui, 106 enseignants (l’objectif final étant 200) des niveaux primaire et collège sont formés aux méthodes de la Playdagogie pour ensuite être déployés auprès de plus de 17 000 enfants. L’enjeu est double : lutter contre le décrochage scolaire dans le secondaire et améliorer les méthodes éducatives dans l’enseignement.

Avant et après l’école

Avdi Azemi, professeur de sport dans la ville de Lipjan, est l’un des enseignants déjà formés par PLAY. Il témoigne de son expérience : « Les élèves ont bien compris le sujet et communiqué ouvertement en discutant de nombreux stéréotypes qu'ils ont tous rencontrés dans leur vie. Ils se sont mis à la place d'autres communautés, ce qui a permis de mettre en évidence leurs propres préjugés. » D’ailleurs, pour Avdi Azemi, les effets de ces jeux ne se limitent pas aux élèves : « Ils n'ont pas seulement appris à éviter les préjugés, mais ils ont aussi appris à être un bon exemple pour la communauté dans laquelle ils vivent. »

Dans le secteur extrascolaire, PLAY forme des jeunes engagés dans les ONG locales à l’animation d’activités socio-sportives qu’ils déploieront par la suite auprès de 12 000 enfants. Des clubs de jeunes de différentes municipalités du Kosovo sont aussi concernés par les activités du projet Ejo. 

Cette approche partenariale, ayant comme objectif une éducation inclusive et de qualité dans le secteur scolaire et extrascolaire au Kosovo, permet aux acteurs du projet Ejo de contribuer à plusieurs Objectifs de développement durable, notamment l'accès à une éducation de qualité (ODD4), l'égalité entre les sexes (ODD5), la réduction des inégalités (ODD10) ainsi que la création de partenariats pour la réalisation des objectifs (ODD17).