Au coeur des villages, prévenir la prochaine pandémie avec le projet AfriCam

L’AFD, le Cirad et l’IRD viennent d’officialiser le lancement du projet AfriCam*. La signature, qui a eu lieu lundi 27 février à l’occasion du Salon International de l’Agriculture, a permis à l’AFD d’octroyer au Cirad et à l’IRD un financement de cinq millions d’euros chacun, le Cirad assurant la coordination globale du projet.

Investir dans la prévention des risques d’émergence

Mieux vaut prévenir que guérir : c’est la philosophie du projet AfriCam. Pendant trois ans, les partenaires du projet déploieront des systèmes de détection précoce d’émergence de zoonoses dans cinq pays : le Cambodge, le Cameroun, la Guinée, Madagascar et le Sénégal.

A travers ces systèmes de détection, l’ambition est de réduire ce risque au maximum afin de prévenir l’avènement de nouvelles épidémies.

La méthodologie sera résolument participative, afin d’ancrer durablement les solutions de prévention dans les contextes locaux. Les activités seront ainsi portées par un large consortium de partenaires rassemblant opérateurs de recherche publics, privés, universités, organisations de la société civile et autorités compétentes de chacun des cinq Etats.

Africam : la mise en action de l’initiative internationale PREZODE

Lancée en 2021, PREZODE (PREventing ZOonotic Diseases Emergence) rassemble une communauté internationale déjà composée de 18 pays et 200 organisations membres, issues des mondes scientifiques, académiques et associatifs. Au cœur de l’initiative : la prévention de l’émergence de zoonoses via la construction de socio-écosystèmes résilients, durables et économiquement viables.

Avec le projet Africam, PREZODE déploiera ses premières activités de terrain

L’initiative repose sur l’approche « One Health », « Une Seule Santé », qui englobe la santé humaine, la santé animale et la santé de l’environnement. Les émergences de pathogènes se jouent en effet au niveau des interactions entre humains, animaux et écosystèmes. L’objectif de PREZODE est de favoriser une collaboration multilatérale et multidisciplinaire et le partage des connaissances.

Les populations locales en première ligne

Dans les localités pilotes du projet, un état des lieux des pratiques sera réalisé avec les populations locales, et notamment les éleveurs, afin de déterminer ensemble les facteurs de risque. Ces analyses très fines devront par exemple répondre aux questions suivantes : quels types d’interactions les populations entretiennent-elles avec leur environnement ? Quels sont les impacts sanitaires associés ? Comment peut-on les réduire ?

Des stratégies de prévention seront ensuite développées sur la base de la conservation ou de l’exploitation durable de la biodiversité, du changement de comportements ou d’usages. Les conditions de vie des populations seront au cœur des préoccupations : l’évolution des pratiques ne se fera pas au détriment de la sécurité alimentaire et du niveau de vie des populations.

A titre d’exemple, si certaines communautés chassent la faune sauvage pour se nourrir, il ne sera pas question de l’interdire. Les consortiums de partenaires devront identifier et proposer des pratiques permettant le renouvellement de la faune et moins risquées pour l’être humain, en arrêtant notamment le dépeçage des carcasses à mains nues.

Des solutions adaptées aux contextes locaux pour assurer la durabilité des systèmes de détection

Lutte contre la déforestation ou contre le trafic d’espèces protégées, encadrement des filières de viandes de brousse, investissements en santé animale, élimination de déchets sources de contamination... Les stratégies de prévention seront spécifiques aux contextes, mais aussi réalistes et peu coûteuses afin qu’elles soient intégrées durablement dans les politiques publiques.

Antoine Lury, coordinateur du projet AfriCam, au Cirad : « L’engagement des populations en première ligne est indispensable. La surveillance participative, complémentaire à la surveillance épidémiologique classique, en est une des facettes. C’est un challenge mais le gage de la réussite. Car si les populations doivent changer leurs pratiques et participer à la surveillance, elles le feront d’autant plus facilement qu’elles en ont compris les enjeux ».

Marisa Peyre, responsable scientifique d’AfriCam et coordinatrice de l’initiative PREZODE pour le Cirad : « Les activités d'AfriCam sont co-construites avec toutes les parties prenantes y compris avec les acteurs locaux pour assurer la pertinence des actions de prévention et ainsi la définition de politiques publiques adaptées aux différents contextes. Ces travaux s’appuient sur un dialogue science-société permanent, qui sera renforcé dans le cadre du projet, pour mieux prévenir et gérer les crises ».

Benjamin Roche, coordinateur de PREZODE pour l’IRD : « PREZODE vise à promouvoir un changement de paradigme vers la prévention des émergences en développant des écosystèmes résilients, adaptés aux spécificités locales. AfriCam, qui est le démarrage du projet global Preacts**, est la première pierre opérationnelle à cet édifice vers des changements de pratiques à l'échelle globale ».  

Matthieu Le Grix, responsable de la Division Agriculture, Développement Rural et Biodiversité de AFD : « Le projet AfriCam est la première expression concrète du soutien de l’AFD à l’initiative Prezode. Santé de l’environnement, santé animale, santé humaine…. Toutes sont liées. L’approche « One Health » nous encourage à travailler sur l’interdépendance et le bien-être des populations humaines, celui des êtres vivants et plus globalement celui des écosystèmes dans lesquels nous vivons. AfriCam contribuera à démontrer que la prévention est du ressort de tous et est l’une de nos meilleures armes face aux risques d’émergences de zoonoses ».

*AfriCam : Afrique-Cambodge

** PREzode in ACTion in the global South

Contacts presse :

• AFD : Juliette Courot - +33 7 50 18 72 51
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