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Il manque 2 500 milliards de dollars en Afrique pour concrétiser les plans climat nationaux
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Les moyens financiers font défaut aux pays africains pour concrétiser leurs stratégies face au changement climatique. L’effort actuel est porté en grande partie par les banques de développement, comme le souligne la cinquième édition de « L’Économie africaine », parue en janvier aux Éditions La Découverte, en collaboration avec l’AFD.
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Le continent africain est particulièrement exposé aux impacts du changement climatique. La dépendance économique à l’égard de secteurs se situant en première ligne tels que l’exploitation minière et l’agriculture – 30 des 40 économies les plus dépendantes de l’agriculture au monde au regard de son poids dans le produit intérieur brut (PIB) se situent en Afrique – ainsi que l’intensification des événements climatiques extrêmes (cyclones, sécheresses, inondations…) nous le rappellent constamment.
Compte tenu de ces risques élevés, des moyens financiers importants, estimés par la Climate Policy Initiative à 2 800 milliards de dollars entre 2020 et 2030, seront nécessaires pour que l’Afrique puisse atteindre ses objectifs de lutte contre le réchauffement planétaire. Or les ressources engagées à ce jour pour la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN, ou plans climat nationaux) n’atteignent que 300 milliards de dollars, soit un peu plus de 10 % seulement du total des besoins.
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« Sachant qu’il manque donc 2 500 milliards de dollars pour concrétiser les CDN, il faudra mobiliser chaque année au moins 250 milliards de dollars, soit environ 10 % du PIB africain. Et bien sûr l’Afrique a besoin de financements allant bien au-delà de ceux nécessaires pour faire face au changement climatique », souligne Colin Bermingham, économiste à la Banque européenne d’investissement (BEI), dans L’Économie africaine 2024 (Éditions La Découverte), ouvrage réalisé en collaboration avec l’AFD.
90 % de la finance climat vient de l’étranger
Ces dernières années, une croissance continue du financement de l’action climatique a toutefois été observée en Afrique, même si l’écart par rapport au niveau requis reste important : un volume de 22,5 milliards de dollars a été atteint en 2020, soit une augmentation de près de 6 % par rapport à 2019. Ce chiffre englobe les flux publics et privés provenant de sources nationales et internationales : entreprises, ménages, institutions financières nationales, banques de développement bilatérales et multilatérales et États étrangers.
« Le continent dépend largement des financements externes pour les initiatives climatiques. Les données de la CPI montrent que près de 90 % des investissements liés au climat ont été financés par des entités étrangères », explique Colin Bermingham. Il faut dire que la responsabilité de l’Afrique dans le réchauffement planétaire est très faible : le continent représente seulement 7 % des émissions cumulées de gaz à effet de serre depuis le milieu du XIXe siècle, contre 45 % pour les pays développés.
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Cet effort financier est aujourd’hui en grande partie porté par les banques multilatérales de développement, qui ont déployé plus de 10 milliards de dollars de finance climat en Afrique en 2020 (contre 6,4 milliards en 2019), soit 45 % de l’ensemble.
Ces financements sont en augmentation, mais beaucoup reste encore à faire. Pour maintenir l’élan dans la lutte contre le changement climatique, tous les acteurs, nationaux et internationaux, devront coordonner leurs efforts. Le coût sera certes important, mais celui de l’inaction serait nettement plus élevé.